M&T / Avec 1,3 million de visiteurs, l’Île Maurice a retrouvé en 2023 des niveaux de fréquentation touristique supérieurs à ceux de 2019. L’optimisme est-il de rigueur pour 2024 ? L’objectif de 2 millions de visiteur est-il toujours d’actualité ?

La dynamique que nous avons instaurée depuis plus de deux ans maintenant est plus forte que jamais. Nous le voyons dans les chiffres du nombre de visiteurs et de la fréquentation des hôtels mais aussi dans nos campagnes de promotion. Le succès de la destination Maurice dans les salons du tourisme et notamment dans celui de Berlin, le plus grand rassemblement mondial de l’industrie, confirme que nous serons encore une fois au rendez-vous en 2024.

L’objectif de 2 millions de visiteurs date de 2018 et visait le moyen termes de 2030 et des revenus de 120 milliards de roupies. Entretemps, le Covid a considérablement modifié les tendances du voyage. Aujourd’hui, nous préférons un objectif de qualité plutôt que de volume et qui nous ramène plus de recettes. Le pays a enregistré des recettes de Rs 85,99 milliards en 2023 contre Rs 64,84 milliards en 2022, un niveau record qui laisse penser que nous arriverons à l’objectif de 120 milliards bien avant 2030.

M&T / Les principaux marchés émetteurs ont-ils évolué depuis la crise ? La France maintient-elle sa place de leader ?

Maurice a toujours la côte dans ces principaux marchés émetteurs et la crise n’a rien changé en cela. C’est toujours l’Europe qui domine, avec 834 825 arrivées enregistrées en 2023 contre 674 511 en 2022. Le marché français est loin devant, enregistrant 319 522 visiteurs en 2023, contre 238 684 l’année précédente. Le marché britannique est aussi en croissance avec 145 873 arrivées comptabilisées pour 2023, contre 140 847 en 2022. La croissance est également de mise du côté du marché allemand passé de 97 767 visiteurs en 2022 à 118 546 en 2023.

Les pays d’Europe de l’Est sont aussi en progression et notamment le marché russe. Si jusqu’ici, les Russes devaient transiter par Dubaï, ils bénéficient désormais d’une ligne directe avec Aéroflot, ce qui va nous amener encore plus de visiteurs.

M&T / Qu’est-ce qui explique que le tourisme ait mieux rebondi à Maurice que dans les autres îles de l’Océan Indien ? Que représente-t-il aujourd’hui dans l’économie mauricienne ?

Notre succès s’explique par le fait d’une excellente gestion de la crise sanitaire et d’une préparation minutieuse pour la réouverture des frontières. Il faut aussi mettre en exergue le partenariat entre les secteurs public et privé pour que le tourisme puisse subir le moins d’impact possible durant la pandémie et repartir le plus vite. Soulignons enfin, notre présence constante auprès de nos partenaires dans nos différents marchés avec des campagnes de communication transparente pendant et après la crise.

Le gouvernement mauricien a fait du redémarrage du tourisme une priorité car cette industrie contribue à hauteur de 8 % dans le PIB et offre près de 120 000 emplois directs et indirects.

M&T / « Le tourisme durable n’est plus une option pour l’Île Maurice, mais une obligation » selon Donald Payen, le Président de la MTPA ? En quoi l’Île est-elle plus vertueuse que d’autres dans ce domaine ? L’engagement est-il réel chez les professionnels, notamment les hôteliers, mais aussi chez les visiteurs ?

Le gouvernement mauricien s’est fixé pour objectif de faire de Maurice une destination verte d’ici 2030. Nous y travaillons d’arrache-pied et l’autre bras opérationnel du ministère du Tourisme, la Tourism Authority a mis en place une structure pour que tout le secteur du tourisme revoie ses modes d’opération afin de les rendre plus durables. Il faut dire que du côté des hôtels, nombre d’entre eux n’ont pas attendu cela et ont déjà des politiques de développement durables qui leur permettent d’ailleurs de bénéficier de certification d’organismes reconnus comme EarthCheck ou Green Globe. Tout est fait pour que les visiteurs mais aussi les acteurs de l’industrie s’engagent à travers des campagnes de communication permanentes.

M&T / Cette prise de conscience se retrouve-t-elle dans les campagnes de promotion que la MTPA a lancées cette année sur les marchés européens ? Quel est le message ?

Absolument. Nous avons lancé au début de 2023 une campagne, qui est toujours en cours, Feel our Island Energy. Cette campagne montre que Maurice est beaucoup plus qu’une destination plage-soleil mais offre aussi des atouts culturels, historiques et nature. Ce sont là des secteurs où la durabilité est le maître mot avec des connexions avec la nature, l’intérieur du pays mais surtout avec les communautés locales qui sont de plus en plus parties prenantes de ce tourisme inclusif que nous promouvons. 

M&T / Le fait que la RSE soit devenue un marqueur pour la plupart des sociétés européennes est-il de nature à impacter le marché Mice, de plus en plus sensible à cette problématique ? Comment se porte ce segment depuis la fin de la pandémie ?

L’île Maurice s’est positionnée comme l’une des principales destinations MICE. Ce créneau est bien établi à Maurice, que ce soit au niveau des infrastructures d’accueil, de l’expertise ou des services disponibles. Les entreprises mauriciennes sont très impliquées au niveau de la responsabilité sociale et désormais elles sont même tenues par la loi d’y consacrer un budget.

Le MICE commence à retrouver le niveau d’avant la pandémie car nous sommes reliés quotidiennement par les dessertes aériennes avec peu de décalage horaire ; nous avons des guichets dédiés et d’autres procédures sont traitées au niveau de l’hôtel en fonction de la taille du groupe et des activités exclusives ; on dispose d’un vaste choix de lieux adaptés aux conférences et autres réunion.

L’île Maurice offre de nombreuses options aux délégués MICE en matière d’activités, que ce soit pour les plus sportifs ou pour découvrir l’île. Tyrolienne, VTT, golf, quad, escalade, catamaran ou yoga font partie des nombreuses activités proposées pendant le séjour. Des entreprises spécialisées dans le team building peuvent également être contactées pour organiser des activités sur mesure pour le groupe.

Mentionnons aussi le remboursement de la TVA sur les frais d’hébergement (https://edbmauritius.org/fr/newsroom/communique-mice-vat-exemption-scheme)

M&T / Comment évolue le parc hôtelier de l’île ? Est-elle en capacité d’accueillir de nouveaux établissements en bord de mer ? L’avenir du tourisme mauricien passe-t-il par un renforcement d’une offre plus verte ?

Des demandes pour la construction de 2 615 chambres sont actuellement à l’étude. Celles-ci incluent des hôtels en bord de mer sur certains sites mais aussi à l’intérieur du pays pour des business hôtels ainsi que des établissements verts comme des lodges. Celle-ci est en forte expansion et contribue à bouger vers notre objectif de destination verte.

M&T/ Maurice compte des centaines de bonnes tables, notamment dans ses hôtels 5 étoiles de renom. Pourquoi n’y a-t-il pas encore de Guide Michelin consacré à l’île ?

Effectivement, les bonnes tables ne manquent pas à Maurice. La décision de faire venir le Guide Michelin appartient à cette enseigne. Je pense que les responsables sont conscients de l’importance de Maurice et ils ont lancé, en collaboration avec des entreprises locales, le Michelin Culinary Experience l’année dernière. Cet événement avait rassemblé des restaurants pour des dîners mets et accompagnements. L’expérience devrait durer sur trois ans avant que Michelin installe son système de classification.