Marta Gomes, Viparis. Paris, France. 19 novembre 2019.

M&T / Vous venez d’être élue Présidente de l’ICCA lors de la dernière assemblée générale qui s’est tenue à Cracovie. C’est la concrétisation de 12 années d’engagement au service de cette association ?

En effet, je participe activement à l’ICCA depuis de nombreuses années. J’ai été élue en tant que Présidente du chapitre France-Benelux en 2009, puis j’ai représenté la région Europe au conseil d’administration depuis 2016 et j’occupais le poste de Vice-Présidente depuis 2019. Les membres connaissent mon engagement et les projets que j’ai pu réaliser pour l’avancement de l’association : comme la création de notre communauté de clients associations (Association Community), et le programme de formation ICCA Skills qui a été lancé cette année. Je compte travailler avec la même énergie pour mon mandat en tant que présidente. C’est un moment clé pour l’association et la filière, et je sens une forte motivation des membres pour innover, changer et progresser ensemble.

M&T / Qu’est-ce que représente ICCA au niveau mondial ? Son audience en sortie de crise est-elle toujours aussi large ? 

ICCA est une association très internationale, avec des bureaux de représentation dans les 6 régions du monde et regroupe environ 1,000 entreprises membres dans plus de 100 pays. Comme toutes les associations du secteur, nous avons perdu des membres pendant la période Covid, où les entreprises ont vécu des difficultés financières et ont dû réduire leurs dépenses. Nos événements ont cependant continué à attirer beaucoup de participants. Les congrès annuels de 2020 en format virtuel et ceux de 2021 en hybride ont réuni plus de participants que les années précédentes. Nous avons multiplié notre présence en digital par des rencontres, webinaires et autres conférences pour permettre à notre communauté de rester en contact pendant cette période compliquée. Le congrès annuel cette année à Cracovie a réuni plus de 900 participants venus de 80 pays, pour échanger sur des sujets d’avenir comme le développement durable, l’héritage des événements et la diversité des talents. Nous constatons aujourd’hui beaucoup de demandes d’adhésion, soit de la part d’anciens membres qui veulent revenir soit pour de nouvelles entreprises qui souhaitent rejoindre notre réseau international.

M&T / D’ici à 2024 – le terme de votre mandat – quelles vont être vos priorités ? Quels dossiers allez-vous privilégier ?

Ma priorité est de lancer très vite un programme d’écoute des membres, par un sondage et des ateliers d’échange, pour mieux cerner leurs préoccupations actuelles et adapter nos services à leurs nouveaux besoins en cette période de reconstruction après la pandémie. Nous sommes entrain de mettre en route la transformation digitale de l’association, avec la livraison début 2023 d’un nouveau CRM et un annuaire de contacts pour permettre un meilleur relationnel entre membres, et la modernisation de notre base de données de congrès tournants internationaux.

Je vais aussi lancer en 2023 une étude pour revoir le modèle d’adhésion, pour proposer un prix d’entrée plus attractif et des options à tiroir en fonction des intérêts de chaque membre. Je compte renforcer nos relations avec notre Association Community, par la création de programmes sur mesure pour accroitre leur participation à nos événements. Et enfin, je souhaite qu’ICCA devienne une plateforme de partage de bonnes pratiques en innovation, pour aider la filière à croître et avancer.

M&T / Vous jugez indispensable de « communiquer sur la valeur des événements, de démontrer à quoi sert chaque congrès et chaque conférence ». Ce n’est plus une évidence ?

Nous avons constaté ces derniers mois le retour en force des événements physiques. Les sites sont pleins et refusent de nouvelles demandes, les hôtels constatent un taux d’occupation et revenus supérieurs à 2019, les exposants investissent pour recevoir leurs clients et prospects. Mais la crise que nous avons vécue nous a appris que rien de tout cela n’est une évidence et qu’il faut toujours continuer à innover, à proposer le meilleur contenu et la meilleure expérience pour attirer les visiteurs. Plus exigeants, les visiteurs veulent faire partie d’une expérience partagée, d’un rassemblement d’intention, ils veulent être inspirés par ce qui se passe devant et autour d’eux. Les contraintes de temps accrues, les réductions de budget et les préoccupations écologiques sont autant de freins à la participation – quand quelqu’un s’engage à assister à un événement, plus que jamais, cela doit valoir la peine de se déplacer.

M&T / Tout le monde s’accorde à dire que le présentiel doit de nouveau être favorisé pour les grands événements type congrès et conventions. Quelle est la tendance aujourd’hui ? Note-t-on des disparités suivant les régions du monde ?

En effet, les événements digitaux ont été un substitut viable pendant la période Covid, mais les organisateurs et les participants ont rapidement réalisé qu’une conférence ne se limite pas à l’échange de connaissances et de contenu, et que le networking et l’interaction avec d’autres sont une composante importante de la participation aux événements. Le présentiel entraîne les types de rencontres imprévues qui sont propices à la collaboration et à la création de communautés.

Il reste néanmoins certaines régions du monde où les déplacements internationaux sont encore sujets à des restrictions Covid, dont une grande partie de l’Asie et notamment la Chine. Les grands congrès internationaux continuent alors de maintenir une forme d’hybridation, par le streaming en direct ou la mise à disposition du contenu en replay.

M&T / L’année 2022 marque-t-elle un redressement très net de l’activité congrès et convention au niveau international ? Dans quelles zones est-ce le plus vrai ?

ICCA est en train de récolter les statistiques 2022, et nous publierons en mai 2023 le Destination Performance Index. Nous avons fait évoluer le ranking international des destinations de congrès pendant le Covid pour prendre en compte la continuité d’activité, et identifier les événements planifiés, virtuels, hybrides ou présentiels. Je suis confiante ; en 2022 nous allons voir une nette reprise de l’activité notamment sur les marchés européens et nord-américains.

M&T / Les grand messes seront-elles toujours d’actualité dans dix ans ? Quel visage auront alors les congrès ?

Les échanges que nous avons avec nos clients organisateurs sont plutôt positifs– les grands congrès continueront d’attirer des participants pour plein de raisons – apprendre, rejoindre un réseau professionnel, échanger, co-créer, innover, découvrir de nouvelles solutions et s’informer sur les nouveaux produits. Mais je suis convaincue qu’il est important de ne pas juste refaire comme avant. Les outils digitaux, webinaires, mondes virtuels, métavers, marketplaces, forums en ligne permettent de garder le lien avec sa communauté tout au long de l’année, de personnaliser l’expérience et mieux mesurer l’engagement des participants. Aujourd’hui les événements les plus réussis sont ceux qui s’adaptent aux nouvelles attentes des participants et repensent le design, l’expérience et la raison d’être de leur événement.

M&T / Pour terminer, un mot à propos de Viparis. Comment l’opérateur parisien termine-t-il l’année 2022 ? Quelles sont les prévisions pour 2023, année qui va marquer le renouveau du CNIT ?   

Nous terminons 2022 un peu fatigués mais contents de cette année qui dépasse nos attentes, tant en nombre d’événements accueillis mais aussi en nombre d’exposants et visiteurs qui ont contribué à leur succès. 2023 s’annonce bien ! Nous sommes heureux de retrouver des événements que n’ont pas pu se tenir pendant de nombreuses années et de voir qu’ils ont réussi à se réinventer pour créer à nouveau ce moment de rencontre de toute une filière. Les actions de développement que nous avons menées en 2021 et 2022 pour garder le lien avec nos clients et prospects portent aujourd’hui leurs fruits et nous étudions encore beaucoup de nouveaux projets pour les années à venir, notamment internationaux. 2023 sera aussi l’année d’ouverture de notre nouveau site CNIT Forest. CNIT Forest sera au cœur du plus grand quartier d’affaires d’Europe et accueillera des congrès et des événements d’entreprise d’envergure. Les espaces ont été modifiés, le design a été entièrement transformé, les usages repensés. La conception de ce nouveau lieu est l’œuvre de l’architecte Nicolas Adam et de François Schuiten, qui ont imaginé une impressionnante forêt souterraine d’arbres digitaux. L’ambition est de faire cohabiter la nature avec les technologies d’aujourd’hui, grâce notamment à l’usage de matériaux naturels et nobles comme le bois.