Directrice Marketing & Ventes France du Suisse Convention Bureau

M&T : vous organisez les 12, 13, 14 et 15 avril prochains une série de rendez-vous en direct de 4 villes de Suisse. De quoi s’agit-il ?

Il s’agit d’une learning expedition digitale en livestream, constituée de quatre étapes. C’est un format nouveau, jamais encore proposé ou testé par une destination. Les organisateurs d’événements qui font du voyage connaissent le format « éductour » : on se déplace dans une ville et on découvre hôtels, lieux, activités et prestataires in situ. Ici, c’est différent. On rencontre surtout l’âme et le cœur d’une destination, à travers des rencontres et des histoires inspirées du territoire, qui nous sont racontées au cours d’une émission digitale live et qui rejoignent les réflexions des organisateurs Meetings & Events. D’ailleurs, les organisateurs d’événements connaissent et apprécient tous le format salon ou conférence avec des tables rondes, des interviews inspirantes ou encore des retours d’expériences. Avec la « Suisse Learning Expedition », les participants retrouveront aussi ces aspects-là. Cette learning expedition, c’est un mélange des genres créatif et utile, qui se déroule sur 4 jours en façon « roadtrip » digital.

M&T : à qui s’adressent en priorité ces séances de formation digitales ? Comment y participer ?

Notre « learning expedition » s’adresse aux organisateurs d’événements francophones au sens large : les agences événementielles, les freelances, les « venue finders », les associations, les donneurs d’ordre et les chefs de projets événementiels en entreprises… Mais elle peut également intéresser les prestataires techniques, les hôtels Mice et les lieux événementiels, dans la mesure où nous réfléchissons aux valeurs fondamentales de l’événement. La participation se fait tout simplement en s’inscrivant (gratuitement) au préalable sur le site internet de l’événement : www.suisse-learningexpedition.com. Ensuite, l’internaute aura accès à toutes les sessions en livestream pendant les 4 jours. Un « chat » lui permettra de poser des questions et de commenter, voir même d’échanger avec les autres participants.

M&T : quel est l’objectif pour le Suisse Convention Bureau ? Comment vont concrètement se dérouler ces rendez-vous ? Qui va intervenir du côté des 4 villes concernées ?

Notre objectif est de participer à la réflexion en cours sur le futur de l’événement. Nous avons choisi 4 thématiques qui nous semblent intéressantes et importantes pour demain et pour lesquelles nos 4 destinations suisses ont des choses à dire, à raconter et à montrer : La CULTURE, L’INNOVATION, LA JOIE DE VIVRE – LE RIRE – LE BONHEUR et encore le DIALOGUE. Un programme varié, mais dense de 3 heures quotidiennes, avec de nombreuses séquences, attend les participants.

Nous avons convié environ 60 speakers, tous des experts de leur thématique et implantés dans l’écosystème de la destination, à l’instar de Sébastien Tondeur, CEO de MCI Group qui interviendra sur une table ronde sur l’innovation, de Mathieu Jaton, CEO du Montreux Jazz Festival qui sera présent sur une table ronde sur le plaisir de faire év »nement, de Marie Sibiude, Directrice Global Mice Strategy chez Galderma, qui apportera son témoignage ou encore de Felix Rudolf von Rohr, membre honoraire du Carnaval de Bâle, classé par l’Unesco comme patrimoine culturel immatériel de l’humanité, qui racontera cet événement fédérateur.

M&T : pour quelles raisons avez-vous associé chacune des 4 villes à un thème – la culture à Bâle, la joie et le bonheur à Montreux, l’innovation à Lausanne et le dialogue à Genève – ?

Le choix d’une destination par un organisateur n’est jamais anodin ou ne devrait pas l’être. Lorsqu’il sélectionne une ville ou un pays en adéquation avec la thématique ou la problématique de son événement, le message sera d’autant plus compris et cohérent que le territoire en question lui apporte une valeur ajoutée. Il se trouve que chacune de nos villes suisses qui a accepté de nous suivre dans l’aventure incarne parfaitement une des thématiques / valeurs fondamentales de l’événement : • Bâle, capitale culturelle et première ville au monde à présenter une collection d’art au grand public, représente à merveille la culture au sens large. • Lausanne, siège de l’EPFL, de l’EHL (École Hôtelière de Lausanne) et de nombreuses entreprises de secteurs de pointe, est souvent choisie par nos clients pour son aura innovation. • La réputation de Montreux Riviera, ce resort au bord du lac Léman, patrie de Charlie Chaplin, berceau du Montreux Jazz Festival et du Festival de Rire n’est plus à faire quand il s’agit de joie de vivre et de bonheur. • Et enfin Genève accueillant en son sein l’ONU et de nombreuses organisations internationales, est la ville du dialogue par excellence. Ce dialogue qui cherche à résoudre des problèmes, à être créatif… et qui contribue toujours à la performance d’un événement.

M&T : selon vous, « depuis un an, avec la crise et l’accélération du digital, les séminaires et les événements ont profondément et durablement évolué ». N’ont-ils pas évolué d’abord parce que les lieux qui devaient les recevoir étaient fermés dans tous les pays en Europe ? La conversion au digital n’a-t-elle pas concerné en fin de compte qu’une petite minorité des événements qui ont été maintenus ?

La fermeture des lieux n’a guère laissé le choix. Beaucoup d’annulations ou de reports purs et simples ont eu lieu. Dans un premier temps, il n’y a eu que de rares expériences de conversion vers le digital. Mais quand ça devenait de plus en plus évident que l’événement en présentiel n’allait pas revenir rapidement, de plus en plus d’organisateurs s’y sont penchés et ont fait le choix d’organiser un événement digital. Soyons clairs, le digital est pour l’instant le seul moyen de garder le lien avec sa communauté ou ses clients, et on ne peut pas rester une année sans les engager ou sans leur parler. Nous ne pouvons plus dire désormais que ça ne concerne qu’une minorité d’événements. Mais ça ne remet pas en cause le besoin de se retrouver physiquement.

M&T : vous croyez au sortir de la crise à une reprise des événements. Peuvent-ils reprendre sur le modèle de ceux d’avant crise ou faudra-t-il modifier leurs formats et leurs contenus ?

Je suis convaincue qu’à la sortie de cette crise, quand nous pourrons à nouveau nous déplacer, voyager, nous réunir en nombre, les événements en présentiel reprendront. Nous en aurons été privés tellement longtemps que l’envie de les reprendre sera très fort. Les obstacles seront de gagner la confiance des donneurs d’ordres et leur prouver qu’un événement pourra se dérouler en toute sécurité. Ça prendra peut-être un peu de temps pour certains, mais cela arrivera. Et il est probable également que nous organiserons d’abord les événements en petit comité et à proximité, avant les grands rassemblements internationaux. Quant aux formats, il est certain qu’ils évolueront – comme cela a d’ailleurs toujours été le cas ! –. Notre passage par le « digital forcé » nous aura d’une part ouvert d’autres perspectives, mais nous aura aussi montré ses limites. Nous aurons connu grâce à la crise de nouveaux outils qui ont révélé l’importance du contenu pour capter et conserver l’attention des participants. Le contenu prendra encore, c’est certain, de l’importance.

M&T : vous insistez sur le fait que demain « les événements ne pourront plus faire l’économie du sens ». Qu’est-ce qu’un événement qui a du sens ? Est-ce à dire que les événements d’avant la crise manquaient de sens ?

Je pense que c’est arrivé dans le passé que des événements aient été organisés sans réellement se demander pourquoi on les organisait et surtout sans se demander s’ils apportaient bien une valeur ajoutée aux participants. Un événement qui a du sens est un événement qui a d’abord un contenu adapté à son public cible et qui a un objectif clair. Il est organisé dans un lieu ou une destination en adéquation avec le thème et les objectifs. Il a surtout un impact positif sur chaque participant, sur le groupe et sur le monde (RSE). Nous pensons qu’après la crise, il sera encore plus important de se demander si un événement fait sens – et dans quel sens, il fait sens.

M&T : quel bilan faites-vous de ces 15 mois de crise ? A combien évaluez-vous les pertes pour le secteur Mice en Suisse ? Vous croyez encore à une reprise du marché en 2021 ?

Les pertes pour le secteur Mice en Suisse sont colossales – tout comme en France d’ailleurs ! Tous les congrès, salons, conventions et autres événements ont été annulés dès mars 2020 et, après une petite embellie en septembre/octobre, tout a été de nouveau arrêté. Je n’ai pas de chiffres précis à vous communiquer, mais jusqu’à nouvel ordre, tout événement public ou professionnel est interdit. Les hôtels et lieux événementiels dans les villes sont particulièrement touchés car ils accueillent habituellement beaucoup de groupes Mice et de voyageurs d’affaires.

La reprise tant attendue viendra-t-elle en 2021, en septembre ? J’aimerais bien avoir une boule de cristal pour vous le dire… Cela dépendra de la progression de la vaccination en Europe et de l’évolution des chiffres de contamination dans les prochains mois. Pour l’instant, tout est à l’arrêt et nul ne sait si la pandémie sera sous contrôle en septembre, ce qui nous permettrait de nous déplacer librement et nous réunir en nombre. Nous gardons évidemment espoir.

M&T : outre cette série de rencontres en avril, avez-vous programmé d’autres événements – digitaux ou en présentiel – en 2021, notamment à destination du marché français ?

Nous allons reprendre les webinaires destinations à partir de mai. Sinon, nous pensons reprogrammer des voyages d’étude et organiser des événements de networking après l’été, si toutefois la situation le permet. Ce qui reste une valeur sûre de notre stratégie, c’est notre blog que nous continuons d’alimenter avec du contenu que nous voulons inspirant.

Programme, inscription et livestream : www.suisse-learningexpedition.com