Le royaume investit pour devenir une grande destination touristique. A coup de milliards, le pays se dote de nouveaux aéroports, d’hôtels et de structures d’accueil, notamment sur la Mer Rouge et à Alula. Objectif : 100 millions de visiteurs en 2030.

Foi de Mohammed ben Salman, l’homme fort du royaume, l’Arabie Saoudite sera une grande destination touristique en 2030 et elle accueillera 100 millions de visiteurs étrangers. Quoiqu’il en coûte ! Un pari fou pour un pays où le tourisme se résume aujourd’hui aux pèlerinages religieux, c’est-à-dire à quelques millions de fidèles étrangers qui font le déplacement à La Mecque, le premier lieu saint du pays. Pour parvenir à ses fins, le régime saoudien ne lésine pas sur les moyens, des dizaines de milliards de dollars – on parle de 55 milliards pour le seul secteur touristique sur les 800 milliards dédiés au développement d’infrastructures dans le plus vaste pays de la région – ont été mobilisés pour aménager de nouvelles zones dédiées au tourisme international, notamment sur la mer Rouge et autour du site historique d’Alula, au nord-ouest du pays. La première – Red Sea – s’étire sur plus de 28 000 km² en bordure de la Mer Rouge (500 km au nord de Djeddah), tandis que le site d’Alula, dont une partie des sites est classée au patrimoine mondial de l’Unesco, couvre 22 000 km² au cœur de la région de Medina, à plus de mille kilomètres au nord de Riyadh. Les travaux vont bon train pour faire naître sur place des infrastructures d’accueil haut de gamme. Alula a pris une longueur d’avance avec l’ouverture en fin d’année 2021 de deux luxueux resorts, un Habitas Alula (96 chambres et 20 bungalows) et un Banyan Tree (82 villas), qui vont être suivis d’autres adresses exclusives telle celle que Jean Nouvel fait naitre à flanc de rochers dans la réserve de Sharaan qui comptera 40 suites, 3 villas et 14  bungalows. Des restaurants et boutiques ont également vu le jour dans le cadre d’Alula Old Town, avant l’ouverture d’AlJadidah, une seconde zone dédiée à la culture. Notons enfin que l’aéroport situé près d’Alula a été étendu pour recevoir des vols directs en provenance de Dubaï, mais aussi de Paris opérés par Saudia. Airlines.

Du coté de la Mer Rouge, le projet Red Sea prend forme, les premiers hôtels doivent ouvrir leurs portes au printemps 2023, plus de 50 resorts étant programmés d’ici à 2030 sur la côte et sur 22 îles paradisiaques qui vont être progressivement aménagées pour accueillir 8 000 chambres, complétées par plus d’un millier de résidences. Au printemps 2023, la première phase du projet sera opérationnelle avec l’ouverture sur 3 îles de 16 resorts aux couleurs entre autres de Grand Hyatt (430 chambres), Raffles (200 chambres), Fairmont (200 chambres), Jumeirah (170 chambres), St Regis (82 chambres) et InterContinental (210 chambres). Sur terre, les infrastructures se multiplient sous forme de marinas, de golfs, de zones commerciales et de parcs de loisirs qui sont au cœur de cette nouvelle zone touristique qui ambitionne de recevoir un million de visiteurs en 2030. Un aéroport international est en cours d’achèvement pour réceptionner les vols en provenance de toutes les régions émettrices du monde, notamment d’Europe. En marge de la côte,  Six Senses hérite d’un luxueux campement dans les dunes, le Six Senses Red Sea, composé de 80 tentes avec piscine, tandis qu’à peu de distance, Desert Rock – un ensemble de 60 chambres s’est glissé dans un décor rocheux spectaculaire.

Tout est fin prêt ou presque pour que l’Arabie Saoudite entre avec éclat dans le concert des grandes nations touristiques. Sur le papier en tout cas, car il est encore difficile de savoir si les marchés émetteurs vont se laisser séduire facilement, l’image de l’Arabie Saoudite n’étant pas au mieux dans l’opinion publique internationale – notamment en Europe et aux Etats-Unis – depuis l’élimination en 2018 du journaliste Jamal Khashoggi au consulat d’Arabie Saoudite à Istanbul, et encore aujourd’hui avec l’intensification de la répression des défenseurs des droits de l’homme. La clientèle haut de gamme – celle que cible le royaume –  sera-t-elle tentée de faire le voyage vers Alula et la Mer rouge, c’est tout l’enjeu, bien malin pourrait dire comment elle va réagir. Peu importe pour les autorités qui n’en démordent pas, il y aura bien 100 millions de visiteurs en 2030, même s’il faut payer les touristes comme l’a affirmé maladroitement il y a peu un haut responsable saoudien…

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