M&T / Vous venez d’annoncer l’ouverture d’un bureau Exo Travel en Arabie Saoudite ? Pourquoi le groupe, présent depuis vingt huit ans en Asie, s’intéresse-t- il à cette destination ? A quelle date sera-t-il opérationnel ?

Depuis ses débuts au Vietnam en 1993 et en Birmanie dans la foulée, l’Adn d’EXO a été celui de pionniers spécialistes de l’ouverture de nouvelles destinations. 28 ans plus tard, rares sont les destinations encore méconnues et quand une opportunité comme l’Arabie Saoudite se présente, cela mérite largement qu’on s’y intéresse. Cela s’inscrit parfaitement dans notre stratégie de développement en dehors de l’Asie tel que nous l’avions annoncé il y a 18 mois.

M&T / En quoi l’Arabie Saoudite est-elle qualifiée pour devenir une grande destination touristique ? Les autorités tablent sur 100 millions de visiteurs en 2030, est-ce vraiment crédible ?

Avec une superficie quatre fois plus importante que la France, 1 800 km de côtes sur la Mer Rouge, une grande variété de paysages, des trésors archéologiques comme Alula et les 2 villes saintes de la Mecque et Médine, l’Arabie Saoudite a déjà beaucoup d’atouts pour séduire le plus grand nombre. Les mégaprojets en chantier (Red Sea, Neom et Qiddya) permettront sans doute d’atteindre les objectifs très ambitieux fixés par les autorités. A noter que les 100 millions annoncés comptabilisent pour moitié le tourisme domestique, pour un quart les pèlerinages et donc nous allons essentiellement nous intéresser au quart restant qui concerne les visiteurs étrangers.

M&T / La mauvaise image du régime saoudien au niveau international – notamment depuis l’assassinat en 2028 du journaliste Jamal Khashoggi – n’est-elle pas de nature à rebuter certaines clientèles, notamment européenne et américaine ?

C’est possible, mais nous faisons partie de ceux qui pensent que le tourisme, à fortiori responsable, contribue a faire évoluer les choses. Avec un objectif de 10% du PIB en 2030, le tourisme est déjà un formidable créateur d’emplois, notamment parmi les 59 % de la population saoudienne qui ont moins de 30 ans.

M&T / Vous êtes associés au groupe Elaf, l’un des poids lourds du secteur hôtelier et touristique en Arabie Saoudite. Quelle offre allez- vous développer, dans quelles régions du pays ? Quelle clientèle ciblez-vous ?

En tant que réceptif de niches, notre stratégie reste inchangée sur les 4 segments de marché que nous couvrons déjà : les groupes et Incentives (EXO Events), les voyages pour individuels à la carte (EXO Travel), EXO Adventure et Luxe by EXO.

M&T / Les gros développements balnéaires engagés sur la Mer Rouge dans le cadre du projet Red Sea et ceux lancés en marge des sites historiques d’AlUla sont-ils de nature à séduire le secteur Mice ? Pour quel type d’opérations ? 

Le site d’AlUla mérite à lui seul le voyage en Arabie Saoudite et sera forcément l’attraction n°1 pour notre clientèle, mais effectivement les projets sur la Mer Rouge permettront de compléter l’offre et positionner la destination sur le Mice.

M&T / Votre arrivée en Arabie Saoudite préfigure-t-elle d’autres implantations au Moyen-Orient ?

Certainement, mais c’est encore trop tôt pour en parler et les perspectives de développement de l’Arabie Saoudite vont nous occuper quelques années.

M&T / Hormis cette actualité saoudienne, comment se porte le Mice en Asie ? Avez-vous retrouvé des niveaux d’activité comparables à l’avant crise ? Quels sont les destinations qui s’en sortent le mieux ? 

Nous sommes loin des chiffres de 2019 mais nous avons été les premiers à rouvrir l’aéroport de Luang Prabang au Laos pour accueillir un groupe en février suivi d’une belle opération au Cambodge. Des destinations comme la Thaïlande, l’Indonésie et Singapour ont connu une reprise rapide et soutenue. Le Japon rouvre ses portes et, dès Septembre, nous accueillerons des groupes Mice. Donc, 2022 marque la reprise que nous attendions depuis plus de 2 ans mais c’est seulement en 2023 que nous nous rapprocherons des chiffres d’avant-crise avec l’objectif de les dépasser en 2024.

M&T / La crise vous a-t-elle conduit à faire évoluer votre offre ?

Le but n’est pas à terme de reproduire le modèle ni la taille que nous avions avant la pandémie. Vingt six ans de croissance à 2 chiffres peuvent aussi engendrer des erreurs. Nous souhaitons consolider notre approche responsable avec la certification B Corp en cours et proposer l’offre de produits et de services la plus qualitative qui soit, supportée par une technologie d’avant-garde.

M&T / Après la pandémie, faut-il craindre que l’invasion de l’Ukraine par la Russie nous plonge à nouveau dans une grave crise des marchés touristiques ?  

Nous subissons déjà les conséquences de cette terrible guerre avec les hausses de carburant, l’inflation sur les biens et services, l’instabilité des marchés financiers et l’inquiétude générale qui en découle. Les voyages incentive long courriers sont nettement moins compatibles et cohérents avec le monde dans lequel nous vivons et celui vers lequel nous nous dirigeons. A nous de nous adapter et de nous réinventer. Si nous avons réussi à survivre au Covid, on devrait y arriver !

www.exotravel.com