M&T / Dans quel état le tourisme marseillais sort-il de cette crise ?
Pour l’instant, nous ne sommes encore vraiment sortis de cette crise. Nous sommes au balbutiement d’une reprise économique que nous attendons et dont nous souhaitons qu’elle soit rapide et durable. Nous avons assez mal vécu fin août la fermeture de toute l’activité, c’est quelque chose qui a été très mal encaissé par les restaurateurs et les hôteliers. Aujourd’hui, nous sommes plutôt optimistes, les chiffres au niveau de la pandémie sont bons, nous nous sommes mis en ordre de marche, nous n’avons pas cessé de travailler, nous avons gardé le contact avec l’ensemble des professionnels et de nos clients, en France ou à l’étranger, afin d’être fin prêts pour la reprise qui s’amorce. Nous avons vécu deux week-ends – Pentecôte et Ascension – qui ont été relativement bons en termes d’occupation et nous avons énormément de demandes sur le mois de juin et jusqu’à la mi-juillet, puis à partir de la fin août avec les opérations des laboratoires pharmaceutiques qui reviennent. Petit à petit, l’ensemble des feux passent au vert.
M&T / Combien a coûté cette crise au secteur touristique ?
Si l’on prend en compte les retombées économiques du secteur qui se chiffrent à 1 milliard d’euros par an avec 18 000 emplois à la clé, le recul est d’un peu plus de 50 % pour l’année 2020. On le constate au niveau de la taxe de séjour qui a chuté de 30 à 40 %, ce qui est très dur. Si les aides de l’Etat n’avaient pas été aussi percutantes et performantes, il est clair que l’on aurait enregistré de nombreux dépôts de bilan.
M&T / Y-a-t-il lieu d’être optimiste pour 2021 ?
Je pense que c’est l’année de la reprise. On va très vite constater à la fin de l’été si la pandémie reprend ou non, – cela devrait aller mieux grâce à la vaccination – et je pense que l’on retrouvera des niveaux d’activité normaux en 2022 ou 2023. Surtout pour ce qui concerne l’ouverture des destinations lointaines, l’Asie, la Russie ou les Etats-Unis où tout est loin d’être réglé au niveau des passeports sanitaires. En attendant, la reprise française se fait actuellement de même que celle de la petite Europe.
M&T / L’objectif est-il de retrouver les niveaux de fréquentation records que Marseille a connus en 2019 ?
2019 a certes été une année exceptionnelle, mais il faut quand même préciser que nous n’avons que 5 millions de touristes, ce qui ne fait pas de Marseille une ville en sur-fréquentation comme d’autres en Europe, par exemple Venise. L’image que l’on a des calanques saturées, elle est le fait de la clientèle locale. Ce sont des problèmes de gestion de flux qu’il faut régler. Nous essayons depuis des années de lisser la fréquentation touristique sur l’ensemble de l’année, ce qui n’est forcément évident sur des périodes creuses, mais des animations et des grands évènements peuvent nous y aider. L’idée n’est pas de faire du volume, mais de la qualité, il faut que les clients aient une bonne expérience de leur séjour à Marseille.
M&T / Quelle stratégie mettez-vous en place pour relancer durablement le secteur ?
Ce qui nous aide en premier lieu, c’est que nous avons aujourd’hui un président de l’Office du Tourisme – Marc Thépot, qui est un socio-professionnel – et un comité directeur, tous sont très mobilisés. Nous avons basé notre stratégie sur 4 axes très forts : d’abord, tout ce qui est le slow tourism, le développement durable, l’éco-responsabilité, on est sur des labels Iso20121, GDS Index visant à rendre le tourisme d’affaires et évènementiel plus durable. On rentre aussi dans les quartiers avec beaucoup de visites guidées qui privilégient des secteurs peu visités, mais qui ont une attractivité certaine. Ensuite, il y a tout ce qui concerne la promotion et la communication qui ne se fait pas sur les mois d’été, mais sur l’arrière saison, avec une grosse communication prévue à l’automne sur le tourisme d’affaires pour expliquer nos capacité à bien accueillir. Avec 9 000 chambres, nous avons doublé le parc hôtelier en vingt ans, c’est quelque chose qui positionne aujourd’hui Marseille comme une grande ville d’affaires européenne.
M&T / Quels marchés ciblez-vous en priorité ?
L’Europe est bien sûr notre marché prioritaire avec en tête des pays comme la Belgique, le Royaume Uni et l’Allemagne qui ont des pouvoirs d’achat très importants, mais aussi l’Italie, l’Espagne. En ce qui concerne les destinations plus lointaines, il y a bien sûr les Etats-Unis et le Canada qui génèrent une forte clientèle de croisières, l’Asie avec la Chine, le Japon et la Corée, et encore la Russie, puisque nous avions avant la crise un vol direct sur Moscou avec Air France et Aeroflot. Globalement, nous consacrons nos actions à ces marchés prioritaires.
M&T / A destination de l’Europe, vous lancez un programme be my guest qui intéresse notamment le secteur Mice. De quoi s’agit-il ?
C’est un programme d’éductours qui permet à des clients qui viennent découvrir la destination de vivre une véritable expérience. On les prend en charge comme avant, mais en plus, nous leur faisons découvrir des choses nouvelles, différentes, et nous leur expliquons notre philosophie de vie. Nous sommes dans une grande ville qui est magnifique et on souhaite qu’ils en fassent profiter leurs clients et partager ces émotions.
M&T / Si la reprise dans le secteur loisir est actée, qu’en est-il du secteur Mice ? Est-ce le marché des séminaires et des petites rencontres qui permettra de sauver 2021 ?
Ce que l’on constate aujourd’hui, c’est que dans les hôtels 4 et 5 étoiles qui disposent de salles de réunion, il y a des réunions de board, de conseils d’administration, ce qui démontre une certaine forme de reprise. Au-delà, le gros avantage à Marseille, c’est que nous travaillons sur le séminaire, la convention, l’incentive et le gros congrès, ce qui nous a permis durant le confinement de signer des congrès pour 2023, notamment celui des Experts Comptables. Sachant que d’autres congrès prévus l’an dernier ou au printemps 2021 ont été repoussés à l’automne (sur les 1 000 opérations signées pour 2020, nous en réaliserons 150), notamment le congrès de la protection de la nature en octobre, suivi du congrès des Sapeurs Pompiers, des manifestations qui auront peut-être des jauges limitées, mais qui vont se faire en présentiel, ce qui marque véritablement la reprise. De plus, en septembre et octobre, nous lançons une grosse campagne de communication sur le séminaire et la convention qui va faire couler beaucoup d’encre. Nous allons offrir aux 50 premiers groupes séminaires et conventions qui vont venir à Marseille un cadeau : soit un professeur de pétanque qui va les initier à cette discipline, soit un professeur de yoga, soit un spécialiste qui va leur parler des calanques.
M&T / Quel message voulez-vous transmettre aux acteurs du Mice pour les inciter à venir à Marseille ?
Ces acteurs, il faut qu’ils comprennent bien qui nous sommes et où nous en sommes. Aujourd’hui, nous avons un tissu économique local et des professionnels du tourisme très performants sur toute la chaîne (hôtellerie, agences, transferts, animations etc). Tous ceux qui organisent des évènements à Marseille repartent complètement subjugués. Il ne faut donc pas hésiter à nous confier les projets, nous savons les mener à bien, aussi bien en congrès, qu’en convention, en séminaire ou en incentive. On n’allait pas en incentive à Marseille il y a dix ans, aujourd’hui oui.
M&T / Le slogan de ce nouveau Marseille ?
Marseille évidemment !