Des premiers chiffres qui remontent des membres de l’association, 2024 devrait être meilleure que 2023 en volume et en valeur. Une performance qui souligne l’importance du secteur des congrès, en pointe en matière de RSE et d’intelligence artificielle.

M&T / Quelles remontées avez-vous des 47 villes membres de l’association concernant leur activité congrès en 2024 ?

Les indicateurs chiffrés et autres retours plus qualitatifs issus de nos villes montrent que 2024 devrait être meilleure que 2023, en volume et en valeur, et supérieure à la période avant-covid. Ces bons résultats concernent particulièrement nos centres de congrès mais il faudra regarder si la dynamique aura été de même intensité pour les hôtels-conférences et autres lieux réceptifs qui couvrent une partie du marché ; ce fut plus fluctuant pour certains, nous le savons. Si on raisonne en projection, et toujours pour les centres des congrès interrogés, les indicateurs à 1 an sont plutôt bons pour le moment pour plus de 60% des répondants, 21% indiquant avoir une visibilité à 18 mois et 12% jusqu’à 24 mois et plus. Il est un peu tôt pour le constater mais on peut escompter que les JOP de Paris 2024 et leur pleine réussite entraînent une augmentation significative de la part des contrats internationaux sur les années à venir.

M&T / Cette tendance se retrouve-t-elle dans toutes les villes ou bénéficie-elle prioritairement aux plus grandes d’entre elles ?

L’attractivité et le professionnalisme font beaucoup, et toute proportion gardée, vous avez des destinations balnéaires (mais pas exclusivement) à forte renommée qui font parfois mieux que certaines villes à forte densité. Cela dépend de l’ambition affichée par la collectivité et les professionnels locaux, des ressources mobilisées, et des développements menés. Le marketing est une partie de la réussite, et bien d’autres leviers entrent en ligne de compte : capacité d’investissement, politique RSE et qualité, levier créatif etc.

M&T / Qu’est-ce que la crise a changé sur le marché des congrès et des grands évènements ? Les attentes des organisateurs ont-elles évolué ?

La crise a surtout mis en évidence deux points majeurs : le besoin de se réunir et d’agir ensemble, et l’obligation de le faire en intégrant décarbonation et innovation. Il faut combiner en même temps durée de l’événement et durabilité des ressources mobilisées, relever le challenge de l’attractivité par la créativité tout en érigeant la sobriété et l’efficacité en priorités, et faire de la convivialité et de la cohésion deux points forts revêtant une dimension écoresponsable.

Fort heureusement, la filière avait pris le virage avant la covid, et ce qui avait été engagé (ex : éco-événement) a servi de base solide aux développements et autres accélérations auxquels nous assistons depuis 2-3 ans. Pour France Congrès Evénements, deux démarches distinctes – l’une vouée à l’innovation « Innov & Tech » née en 2015 et l’autre axée sur le développement durable « Destination Innovante Durable » en 2019 – se trouvent être très complémentaires désormais, et ces enjeux combinés amènent collectivités et acteurs privés locaux à s’engager formellement. La feuille de route « Destination Innovante Durable », adossée à la certification ISO 20121, mobilise aujourd’hui 15 villes et métropoles et près de 300 entreprises, et nous avons comme objectif de doubler le nombre de parties prenantes dans les 2-3 ans. Une carte dynamique sur notre site permet de découvrir les entités concernées et les actions menées parmi les 8 enjeux et 26 actions du référentiel DID.

M&T / Quels sont les plus grands défis pour les villes de congrès dans les dix ans à venir ?

On retrouve beaucoup des enjeux pointés et décrits précédemment. L’une des clefs est d’être en veille permanente (pratiques écoresponsables, tendances sociétales, évolutions technologiques etc.) mais aussi d’être partie prenante, et suffisamment en amont, des stratégies territoriales définies par et avec les collectivités. L’accueil et l’organisation de congrès, salons et événements ont des vertus structurantes et génèrent des retombées et des avancées significatives pour notre économie (impact des congrès = 2 milliards d’euros en 2023 selon l’étude Atout France/Coésio/Unimev). Ces fonctions doivent être mieux prises en compte par les pouvoirs publics, avec prioritairement un soutien déterminé à l’investissement dans les équipements qui rentrent dans une logique de transformation écologique et technologique, les deux se rejoignant très souvent. Il en va de la compétitivité française sur le marché du MICE et de l’événementiel.

M&T / L’Intelligence Artificielle est-elle au cœur de leur réflexion ? Comment les accompagnez-vous ?

L’IA est inégalement présente dans les stratégies de nos membres, et pour les plus actives et avancées de nos villes, cela se traduit par de l’acculturation voire de la formation, des formes de mise en pratique à titre expérimental ou non, et une veille active qui peut aller jusqu’à une ambition marketing en favorisant la création et/ou le développement d’un événement dédié, comme à Cannes avec le WAICF par exemple, ou encore à Nantes avec la Nantes Digital Week. Sur un tel enjeu transversal à multiple facettes, il est important de cheminer avec des partenaires et réseaux compétents mais il ne faut surtout pas craindre de travailler concrètement le sujet et de se former.

Au travers de sa démarche Innov & Tech, France Congrès Evènements éclaire les enjeux du développement via son travail de veille et la mise en place de tables rondes et autres ateliers qui donnent des clefs de lecture et mettent en avant des cas d’usage associés. Voici quelques exemples de sujets abordés lors de notre dernier événement : « Créer un listing des actions pour l’organisation d’un congrès », « Générer un programme pour un congrès d’une journée », « Concevoir un chatbot personnalisé pour accompagner les visiteurs d’un congrès » ou bien encore « L’intelligence artificielle peut-elle seconder efficacement l’équipe organisatrice d’un événement et la ville-hôte dans leur quête de ressorts créatifs, tout en cherchant à réduire son impact environnemental ? » dont l’enregistrement est disponible sur notre site (rubrique IA – Explorations). Rappelons que la France accueillera le Sommet pour l’action sur l’Intelligence Artificielle les 10 et 11 février 2025.

M&T / Sur quoi vont porter vos actions en 2025 ?

Notre feuille de route intègre une grande partie des sujets et enjeux abordés précédemment : déploiement de « Destination Innovante Durable » avec une V2 plus ambitieuse sur le volet social qui coexistera avec la version initiale, développement de l’écosystème lié à DID et notamment de la démarche Innov & Greentech qui associent des entreprises innovantes. Nous allons accentuer notre action en faveur du triptyque « mesurer, contribuer et réduire » pour continuer à accélérer la décarbonation de nos activités, et nous poursuivrons notre travail exploratoire sur l’action de l’IA pour atteindre nos objectifs. FCE vient de publier en ligne son nouveau Guide qui recense l’offre de ses villes-membres et permet de découvrir la démarche Destination Innovante Durable, les objectifs et outils, et tous ceux qui y prennent part. Enfin, notre prochain événement est programmé les 22 et 23 janvier 2025, et c’est Marseille qui accueillera la 4e édition du « Forum Innov & Tech – Penser et faire le futur des villes et des événements ».

M&T / La crise politique et économique que traverse aujourd’hui la France est-elle de nature à fragiliser à terme le secteur des congrès et des grands évènements ?

Naturellement, nous ne sommes pas à l’abri d’un début de retournement du marché, compte-tenu de nombreux facteurs, surtout exogènes, mais tant que les rencontres professionnelles et les événements seront conçus et vécus comme des réponses utiles et efficaces aux différentes opportunités et problématiques sociales, économiques, scientifiques (…), elles garderont leur raison d’être et c’est à nous, collectivement, d’en renforcer la valeur et la portée pour maintenir une dynamique qui, in fine, sert l’intérêt général. De surcroît, et dans un monde mouvant, nous devons maintenir une vigilance particulière sur l’évolution du modèle, placé sous une triple influence économique, écologique et technologique, sans oublier l’évolution générationnelle.